- PLINE L’ANCIEN
- PLINE L’ANCIENPline l’Ancien – ainsi nommé pour le distinguer de son neveu et fils adoptif Pline le Jeune – fut parfois appelé Pline le Naturaliste. Le seul ouvrage qui reste de lui est en effet une Histoire naturelle . Et, malgré l’importance de ses écrits historiques qui constituent l’une des principales sources de Tacite, son «enquête sur la nature» s’est imposée comme une sorte de bilan du savoir de l’époque. C’est ce qui lui a valu de traverser heureusement les siècles.Les loisirs d’un homme d’actionGaius Plinus Secundus, chevalier romain né à Côme, fut un auteur remarquablement fécond. Venu dans sa jeunesse de Côme à Rome, il fut à l’école des rhéteurs, selon la coutume, puis commença une carrière équestre, dans l’administration impériale. Préfet d’une aile de cavalerie, il fit campagne en Germanie, peut-être entre 47 et 57. Il interrompit sa carrière pendant les dernières années du règne de Néron, et se consacra, pendant cette période, à des travaux littéraires. L’arrivée au pouvoir de Vespasien, qui était son ami, le rappela à l’activité administrative: en 70, on le trouve procurateur des finances impériales en Gaule narbonnaise, puis en Afrique (71-72); en 73, il est procurateur d’Espagne citérieure. Nommé en Gaule Belgique, il est rappelé à Rome, où il collabore étroitement avec l’empereur; peut-être est-il dès lors préfet de la flotte de Misène, l’une des plus hautes fonctions confiées à des chevaliers. En 79, au moment où se produisit l’éruption du Vésuve, qui ensevelit Pompéi, Herculanum et Stabies, Pline se trouvait à Misène, et il voulut se rendre compte par lui-même du désastre – à la fois curiosité de savant et devoir professionnel, pour l’organisation des secours. Mais il mourut sur le rivage de Stabies, sans doute d’une crise cardiaque provoquée par les gaz délétères. Le récit de cette mort nous a été conservé par une lettre de Pline le Jeune à Tacite (VI, 16). En dépit des lourdes tâches de sa carrière administrative, Pline occupait la plus grande partie de son temps à des lectures innombrables, dont il faisait des résumés. Pline composa de la sorte trois livres sur l’éloquence, huit livres sur «la manière correcte d’écrire», puis des ouvrages de biographie (la vie de son ami Pomponius Secundus) et surtout d’histoire: vingt livres sur les guerres contre les Germains et trente et un livres qui continuaient l’œuvre historique d’Aufidius Bassus, lequel avait lui-même continué Tite-Live. Nous ne savons pas exactement à quelle date Pline commençait son récit, mais seulement qu’il y racontait le règne de Néron. Ce livre, écrit sous Vespasien – donc après la chute des Julio-Claudiens – est résolument hostile à la dynastie déchue et surtout à Néron. Ce sera l’une des sources de Tacite. La dernière partie de sa vie fut consacrée à la vaste compilation (trente-sept livres) que constitue l’Histoire naturelle (Naturalis Historia ), publiée en 77, avec une longue dédicace à l’empereur Titus.Pline assure qu’il avait utilisé deux mille volumes pour rassembler la matière de cette vaste enquête sur la nature. Il donne l’indication de ses sources. La curiosité de Pline ne se limite pas aux phénomènes naturels proprement dits, mais à tout ce qui trouve sa matière dans la nature, par exemple les œuvres d’art (statuaire, peinture). En composant cet ouvrage, Pline suit l’exemple des encyclopédistes romains qui l’ont précédé (notamment Varron, au siècle précédent). Une intention philosophique domine l’œuvre: l’idée d’une Nature «souveraine créatrice et ouvrière de la Création» (Hist. nat. , XXII, 117; XXIV, 1, etc.), idée surtout stoïcienne en son principe, mais assez généralement répandue à Rome. Elle explique que l’auteur déclame volontiers contre tout ce qui déforme et corrompt la nature: le luxe, les mœurs déréglées, etc. L’Histoire naturelle a des résonances morales qui font écho aux idées reçues alors: il serait injuste de voir dans ces pages des développements de pure rhétorique.Le premier livre est la liste des sources. Le livre II expose la structure de l’univers. Les livres III et IV sont consacrés à la géographie: les livres VII à XI aux animaux (êtres humains et autres, tous les animalia , ce qui est animé); les livres XII à XIX à la botanique; les livres XX à XXXII à la médecine; les livres XXXIII à XXXXVII aux minéraux, métaux, pierres et œuvres d’art exécutées à partir de ces matériaux.L’Histoire naturelle contient donc la somme des connaissances de ce temps, connaissances fort mêlées, les unes déjà scientifiques, la grande masse de caractère folklorique. Les conceptions générales sur la structure du monde, dont le Soleil est l’âme, et où la divinité, unique, est partout, se rattachent plus à une vulgate philosophique qu’à une école déterminée. Les données sur les peuples et les pays lointains sont empruntées au stoïcien Posidonius; Pline tient compte aussi des explorations effectuées plus récemment. Son livre est un bilan, et longtemps il symbolisera tout le savoir humain.
Encyclopédie Universelle. 2012.